Le clan des cachalots – Ile Maurice – Mars 2018
J’ai eu le plaisir de passer une semaine aux côtés de René Heuzey (qui a réalisé les images sous-marines du splendide film “Océans” de Jacques Perrin, et bien d’autres, ainsi que de nombreux Thalassa etc).
Au travers de son association ‘un Océan de Vie’, aux côtés de l’association de François Sarano ‘longitude 181’ et d’une association locale, la MMCO avec à sa tête Hugues Vitry, ils étudient tous ensemble ces cachalots chaque année sur une même période donnée, depuis 2012.
Chaque cachalot est identifié et suivi au fil du temps, les liens entre les membres du clan ont pu être identifiés. Un arbre généalogique de cette famille a même pu être établi (une première scientifique mondiale ). Leur comportement et liens sociaux sont aussi étudiés grâce à l’analyse des vidéos et d’enregistrements sonores.
C’est d’ailleurs ainsi qu’a pu être confirmé le fait qu’il s’agit d’un clan de femelle avec leurs petits et juvéniles (les mâles quittent le clan à la maturité sexuelle). Ce clan semble résider de manière permanente sur la côte Est de l’île Maurice.
Cette étude a aussi permis de découvrir qu’il existe un phénomène social étonnant chez les cachalots, celui du principe des “nounous”. En effet, les cachalots femelles peuvent allaiter d’autres petits que les leurs et s’en occuper pendant que leurs ‘mamans’ sondent dans les profondeurs en quête de nourriture (où leurs petits ne peuvent pas encore les suivre vu qu’ils n’ont pas encore une capacité d’apnée suffisante).
Grâce à ce projet, les avancées sur la connaissance des cachalots ont fait un bond en avant. Et c’est le seul projet d’étude et de conservation existant de l’océan indien à l’égard des cachalots. Alors bravo à eux pour cette belle initiative commune.
Les cachalots qui arrivent vers nous, la toute première fois .. Séquence frisson !
Etant donné ce cadre d’observation/étude, il ne nous était pas possible d’interagir avec les cachalots (à ma grande déception) mais seulement de les observer et de les filmer dans l’eau.
Cela m’a néanmoins permis de vivre quelques moments intenses. J’ai tout d’abord été très impressionnée par ces géants. J’ai vraiment eu l’impression d’être face à des sous-marins tellement ils sont énormes. Ils sont néanmoins totalement pacifiques à l’égard de notre espèce.
Ils se sont montrés tantôt indifférents tantôt curieux vis-à-vis de nous. Plusieurs sont venus à nous et se sont légèrement penchés sur le côté afin de bien nous observer. L’angle de vue du cachalot est vers le bas aussi a-t-il besoin de pivoter sur le côté pour nous voir si nous sommes à côté de lui.
Ou voir la vidéo sur laquelle on le voit bien s’approcher puis pivoter (idem mettez en HD dans paramètres pour une bonne qualité de lecture)
J’aurais tellement aimé parler leur langage et mieux comprendre ce qu’il s’y passait.
J’ai aussi la chance de pouvoir observer des tétées, des petits très curieux à notre égard. Les mères semblaient d’ailleurs confiantes à l’idée de laisser leurs petits satisfaire leur curiosité en venant littéralement coller leur nez sur nous (voir la photo d’Arthur ci-dessous). Nous avions clairement l’impression qu’ils souhaitaient interagir avec nous et même jouer avec nous même si je n’ai pas pu l’expérimenter et donc le confirmer.
Lorsque je parle des petits, ils font déjà plusieurs mètres et plusieurs tonnes, même s’ils restent plus petits comparés aux adultes qui sont, eux, vraiment gigantesques.
Voici la taille des petits comparée à celle des femelles adultes ou aux juvéniles mâles :
Ou en vidéo :
Et pourtant de près, même un bébé reste énorme et très impressionnant, lol
J’ai le plaisir de vous présenter Arthur ci-dessous, ma plus belle rencontre de la semaine !
Qui a passé plusieurs minutes collé ou presque à nous à nous regarder et avec lequel j’ai eu un échange de regard intense qui m’a profondément émue…
Notez que ce petit, comme la plupart des petits, est couvert de Rémoras, les poissons qui s’accrochent aux autres êtres vivants (mammifères marins, tortues, raies, requins etc.) par une ventouse située sous la bouche. Elles font cela pour se faire transporter et se nourrir sans effort. Elles profitent en fait des miettes des proies chassées puis mangées par leur hôte.
Et la raison pour laquelle les petits cachalots en sont couverts semble être due au fait qu’ils ne savent pas encore s’en débarrasser (c’est-à-dire sauter hors de l’eau pour se projeter contre la surface afin qu’avec le choc, les rémoras se détachent). Les adultes, eux, n’en ont que rarement sur le corps.
Nous avons aussi pu observer des adultes en train de dormir à la verticale, telles des torpilles. C’était complètement surréaliste. Tous semblent flotter à la verticale dans l’eau, immobiles et complètement indifférents à notre présence. Le spectacle était incroyable !
(malheureusement je n’ai pas d’image de cela, aussi je vous en mets une trouvée sur internet sur ce site (source: https://www.demotivateur.fr/article/un-photographe-marin-capture-un-phenomene-rarissime-un-groupe-de-cachalots-en-train-de-dormir-les-corps-parfaitement-figes-a-la-verticale-10694) :
Voici pour mes quelques souvenirs de ce beau voyage même si mes journées en mer furent éprouvantes. J’ai littéralement passé 6 à 7h en mer chaque jour pendant 6 jours à être malade comme un chien sur le bateau. La houle était importante, certes, j’étais aussi fatiguée à cause du décalage horaire… Bref, je ne sais pas trop pourquoi mais je n’avais jamais été aussi malade en mer… C’était moche. J’ai même failli vomir dans l’eau sur les cachalots, lol..
Mais bon quand on aime… on ne compte pas ses efforts 🙂
Une petite photo de moi et de quelques autres échoués sur le pont supérieur à cause du mal de mer 🙂